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Identification d’opportunités économiques pour la population du camp de réfugiés de Mbera et les populations hôtes voisines - Analyse des Chaînes de Valeurs (Avril 2018)

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Résume éxécutif

Cette étude a été commanditée par le HCR en Mauritanie dans le but d’identifier des opportunités économiques à la fois pour la population réfugiée du camp de Mbera et la population hôte voisine de la région de Bassikounou. La méthodologie adoptée par l’équipe de consultants a combiné une analyse du territoire, une analyse de marché, une enquête de terrain à travers des focus groupes thématiques avec les deux populations et une analyse de cinq chaînes de valeur d’après la méthodologie du Bureau International du Travail afin d’identifier comment les développer en faveur des petites entreprises dans la région ciblée.

L’étude préliminaire de la zone ciblée a permis d’obtenir de premiers éléments sur ses caractéristiques et le potentiel de développement au niveau local, notamment liés aux ressources naturelles et aux activités de la population de la région et du camp de Mbera.

L’analyse territoriale se penche en détail sur les ressources hydriques du territoire ainsi que l’occupation et l’utilisation des sols dans la zone d’interaction des deux populations, hôte et réfugiée. Cette analyse comprend également l’étude du couvert végétal et de sa régénération, des stratégies d’alimentation du bétail et des conflits potentiels sur les parcours de transhumance. L’ensemble de ces éléments permet de conclure sur des recommandations détaillées en termes d’aménagements du territoire qui consisteraient à créer des réserves pastorales, améliorer les parcours notamment en y créant de nouveaux forages et en y aménageant des parcelles de cultures fourragères et enfin, en créant une réserve pastorale ou « ceinture verte » en bordure du camp de Mbera.

L’analyse de marché montre que le commerce dans la région est une activité dynamique, à Bassikounou comme à Mbera et en lien étroit avec le rôle frontalier de la région, puisque deux des marchés principaux sont Fassala à la frontière et Nionou au Mali. Un rapide plan d’action pour la promotion du commerce et du transport est proposé qui inclut l’amélioration de l’accès aux services financiers à travers des Groupes d’Epargne et de Crédit pour le plus grand nombre et à travers la mise en relation avec des IMF et l’accompagnement de commerçants sélectionnés pour mutualiser des coûts d’approvisionnement et de transport.

L’agrandissement du marché de Mbera et le soutien, notamment en termes d’organisation et de formation, au secteur du transport local sont aussi préconisés.
Les cinq chaînes de valeur qui sont cartographiées dans ce rapport ont été sélectionnées lors d’un atelier en fonction de leur potentiel de développement et de leur pertinence pour les populations ciblées, notamment en termes d’inclusion d’un grand nombre de petites entreprises et de bénéficiaires. Ces cinq chaînes de valeur sont celles du bétail sur pied, du lait et des produits laitiers, des cuirs et peaux, de la gomme arabique et de la couture.

Il faut cependant noter que la chaîne et des produits laitiers, des cuirs et peaux, de la gomme arabique et de la couture. Il faut cependant noter que la chaîne de valeur de l’huile de dattier du désert repose sur une ressource naturelle très disponible dans la région et que son potentiel reste à explorer et qu’elle fait l’objet d’initiatives innovantes en Mauritanie et dans les pays voisins du Maroc et du Sénégal.

Le développement de la chaîne de valeur du bétail sur pied a pour principal goulot d’étranglement, dans la mesure où le système de production considéré est l’élevage extensif transhumant, la disponibilité et l’accès aux ressources naturelles en eau et pâturages et aux aliments pour bétail. La décentralisation des ressources naturelles permise par le code Pastoral constitue justement une opportunité d’organiser les usagers autour des enjeux du pastoralisme et de la durabilité de ces ressources. Au niveau commercial, la région de Bassikounou alimente en camelin et petits ruminants le marché de Nouakchott tandis que ses bovins sont exportés vers le Mali via le marché de collecte de Nionou. De nombreux projets de grande envergure sont appelés à renforcer l’élevage mauritanien avec lesquels des synergies pourraient être trouvées. Au niveau local, le plan d’action proposé se décline en trois composantes dont la première est l’aménagement du territoire pastoral, notamment selon les propositions de l’analyse territoriale de ce rapport. Ensuite l’amélioration de l’accès aux intrants devrait concerner l’organisation et le renforcement des services vétérinaires et la mise en place d’une filière pérenne d’approvisionnement en aliments du bétail.

Enfin, les conditions de commercialisation pourraient être améliorées à travers un diagnostic des marchés locaux et la mise en marche effective au niveau local des systèmes d’informations sur les prix et la production de biomasse.

Les chaînes de valeur du lait et des produits laitiers en Mauritanie peuvent s’appuyer sur une demande nationale importante mais doivent faire face à une rude concurrence des produits importés.
Les principales contraintes au développement de ces filières sont liées d’une part à la production et à l’adaptation des systèmes actuels pour une production laitière continue qui passe notamment par la mise en place de filières pérennes d’approvisionnement en aliment du bétail.

D’autre part, la force des importations en Mauritanie s’explique en grande partie par les circuits de commercialisation qu’elles empruntent face à des réseaux de collecte et de distribution limités pour les produits locaux. Le plan d’action pour la région préconise de mettre en place des mini laiteries basées sur le système « lait contre aliments du bétail » en menant au préalable des études pour évaluer d’une part le potentiel de lait commercialisable et d’autre part la rentabilité de mini laiteries qui répondent à la demande locale, tout en promouvant leurs produits à travers différents outils.

Les cuirs et peaux constituent une chaîne d’approvisionnement dont l’un des enjeux majeurs est la préservation de la qualité des produits de l’amont vers l’aval. De plus, la valeur ajoutée captée en Mauritanie est limitée par les faibles capacités de transformation des tanneries locales et la nécessité de répondre de plus en plus à des critères de protection de l’environnement. Quant à elles, les activités de production d’articles en cuir sont presque exclusivement artisanales et peu intégrées dans les échanges internationaux.

Le plan d’action propose d’une part d’organiser les opérateurs tout au long de la chaîne de valeur pour améliorer la qualité des peaux en y faisant correspondre des prix différenciés. Une infrastructure dédiée au traitement des peaux à Mbera serait utile. D’autre part, le plan d’action souligne que les artisans du cuir de Mbera nécessitent des appuis en termes de formation technique et d’organisation collective, pour s’approvisionner en intrants et commercialiser de nouveaux produits.
Des services d’appui spécifiques devraient être créés pour la commercialisation à l’export de ces produits.

La gomme arabique est un produit dont la demande internationale est importante et en augmentation et qui n’est produit que par quelques pays africains de la bande sahélo-soudanaise. La Mauritanie dispose d’un important potentiel de production de gomme arabique mais son développement passe par l’amélioration des données sur les ressources et le développement d’une production durable. La qualité et la traçabilité des produits, liés à l’organisation de la chaîne de valeur sont aussi parmi les principaux facteurs de développement de la filière. Le plan d’action pour la région de Bassikounou propose trois axes principaux qui sont : d’une part d’organiser un développement de la production durable de gomme dans le cadre de la création d’Associations de Gestion Locale Conventionnée, d’autre part de fournir les appuis aux producteurs pour assurer la qualité des produits et la gestion rentable des gommeraies, et enfin soutenir la structuration de la filière, notamment à travers la promotion de liens contractuels entre opérateurs et la certification.

Les couturiers maliens disposent d’un savoir-faire valorisé à Nouakchott à travers des prix plus élevés pour leurs produits. Les couturiers du camp de Mbera se fournissent sur les marchés locaux et n’écoulent leurs produits que sur le marché local de Mbera.
Le plan d’action pour cette filière propose d’appuyer les couturiers à s’organiser collectivement et à mutualiser l’achat des intrants, à les renforcer en termes de formation technique et d’appuyer la formation de prestataires de services en tant que commerciaux pour leurs produits.
Une étude de marché pourrait déterminer la pertinence de développer de nouveaux produits de prêt-à-porter à destination des marchés artisanaux de la sous-région.